À l’ombre des projecteurs braqués sur la coque (Cerastoderma edule) et la moule (Mytilus edulis), un autre bivalve, longtemps délaissé, mérite pourtant sa place dans nos assiettes : la scrobiculaire (Scrobicularia plana). Son nom peut sembler barbare, mais on la connaît aussi sous des appellations plus familières comme le lavignon ou encore la fausse palourde. Très prisée jusque dans les années 80 avant de voir sa population chuter, elle fait son grand retour depuis une quinzaine d’années !

Ce mollusque bivalve vit enfoui jusqu’à 30 cm de profondeur dans la vase des estuaires. Son aire de répartition s’étend du Sénégal jusqu’en Norvège, en passant par chez nous : la baie de Somme. Particulièrement adaptée à son environnement, la scrobiculaire adopte un régime alimentaire mixte : à marée basse, elle est déposivore, se nourrissant de la matière organique déposée sur le sable grâce à ses siphons, qui laissent derrière eux des traces étoilées caractéristiques. À marée haute, elle devient suspensivore, filtrant les particules en suspension dans l’eau. C’est un coquillage qui peut vivre jusqu’à 10 ans.

Appréciée pour sa finesse, la scrobiculaire est pêchée à l’aide d’une fourche à longues dents permettant d’extraire les mottes de vase, avant de la collecter à la main (à partir de 3 cm, soit des individus d’environ 7 ans). Son extraction est délicate, car sa coquille est fine et fragile. Mais la principale difficulté réside dans la nature même du sédiment : une vase collante et profonde, pouvant monter jusqu’à mi-cuisse, rendant la pêche particulièrement éprouvante.
Pourtant, les gisements en Baie de Somme se portent bien, comme le confirment les suivis réalisés chaque année par le GEMEL (Groupe d’étude des milieux estuariens et littoraux). Il est donc temps de redécouvrir ce coquillage oublié et de le remettre au goût du jour pour le voir dans nos assiettes. Car oui, la scrobiculaire est un véritable délice !
BASUYAUX Elisa
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