Les oiseaux limicoles en baie de Somme : les spécialistes des vasières

Véritable aire de repos sur l’autoroute de migration de nombreuses espèces, la baie de Somme est un sanctuaire pour les oiseaux, notamment les limicoles. Ces petits échassiers arpentent les vasières en quête de nourriture, chacun exploitant une niche alimentaire bien spécifique.

Qui sont les limicoles ?

Le terme “limicole” vient du latin limus, signifiant “limon”, en référence au milieu dans lequel ces oiseaux trouvent leur nourriture. Leur particularité ? Chaque espèce possède un bec de longueur et de forme différentes, ce qui leur permet de se nourrir sans se faire concurrence !

Particularité du bec des limicoles et leur alimentation (d’après Goss & Custard, 1976) - aquarelle : BASUYAUX Elisa
Courlis cendré - Aquarelle de Basuyaux Elisa
Le Courlis cendré (Numenius arquata), tout comme la Barge rousse (Limosa lapponica), possèdent un long bec, plus ou moins arqué, idéal pour atteindre les arénicoles, ces vers qui s'enfoncent profondément dans la vase, laissant derrière eux ces tortillons de sable caractéristiques.
Plus d'informations sur les arénicoles
 L’Huîtrier pie (Haematopus ostralegus), surnommé "Pie de mer", se distingue par son bec droit et robuste, parfait pour ouvrir les coquillages comme les coques et les lavignons. Il est capable de sectionner les muscles reliant les deux valves pour les déguster.
Plus d'informations sur les lavignons
 Le Grand Gravelot (Charadrius hiaticula), le Petit Gravelot (Charadrius dubius) et le Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus) possèdent un bec court et droit, adapté à la capture de petits vers comme les néréïs.
Les bécasseaux, tels que le Bécasseau sanderling (Calidris alba), ont un bec fin et légèrement incurvé, idéal pour picorer les invertébrés présents en surface, notamment les corophies, qui peuvent atteindre des densités impressionnantes (jusqu’à 100 000 individus par m² !).

Grâce à cette diversité de formes de becs, les limicoles exploitent pleinement les ressources des vasières, faisant de la baie de Somme un écosystème clé pour leur survie.

Un écosystème menacé ?

Cependant, avec l’ensablement de la Baie – un phénomène naturel, mais fortement accéléré par les activités humaines (canalisation des cours d’eau, construction de digues, et introduction involontaire d’espèces envahissantes comme la spartine anglaise) – la surface des vasières diminue peu à peu, mettant en péril cet écosystème.

Si des mesures ont été mises en place pour ralentir ce processus, il reste inévitable. À terme, la baie de Somme pourrait voir son rôle d’accueil pour les oiseaux migrateurs considérablement réduit.

Plus en savoir plus sur le phénomène d’ensablement, n’hésitez pas à consulter notre article sur l’évolution géomorphologique de la baie de Somme.

BASUYAUX Elisa

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